[Tuto] Une console lumière avec un RPI

Bonjour,
Je suis amené depuis plusieurs années à gérer les lumières sur des spectacles musicaux et j’utilisais jusqu’à maintenant le logiciel QLC+ sur Mac avec une interface ENTTEC DMX USB Pro. Le logiciel QLC+ peut gérer jusqu’à 4 univers DMX de 512 canaux avec une grande variété de protocoles en entrée et en sortie, il permet de piloter également le son et la vidéo. Habituellement j’utilise une dizaine de projecteurs sur gradateurs, une quinzaine de PAR changeurs de couleurs à LED et quelques automatiques.
Cependant, cette installation présentait deux inconvénients : bloquer mon portable Mac sur toute la durée de la préparation et du spectacle et, parfois plus gênant, une connexion capricieuse avec l’interface ENTTEC. Massimo Callegari (l’auteur de QLC+) ayant développé une version de son logiciel adaptée au Rasberry PI, j’ai donc décidé de construire une console autonome sur cette base. Ça donne ceci :

Matériel
Matériel acheté :

  • un Rasberry PI 3 modèle B+
  • un écran tactile 10.1" 1280x800 Waveshare connecté en HDMI et USB
  • un clavier sans fil Rii avec touchpad
  • une alimentation USB 5V 8A à 4 ports

Matériel récupéré :

  • l’interface USB/DMX ENTTEC
  • une interface audio USB Connex iKey-Audio
  • une valisette.

L’investissement réalisé représente 200€ ; il faudrait ajouter environ 100€ pour acheter une interface USB/DMX et une interface audio.

Installation matérielle
Tout le matériel est installé dans une valisette aluminium qui donne une bonne protection et facilite le transport. L’écran monté sur charnière se rabat pour le transport et est incliné à 45° par une béquille. Le RPI est fixé derrière l’écran ; l’alimentation et les deux interfaces sont fixées par des scratchs au fond de la valisette.


Toute la connectique, sauf l’alimentation, la sortie DMX et l’éventuelle connexion internet, est dissimulée au fond de la valise derrière l’écran. L’écran tactile permet une manipulation directe des boutons et curseurs de l’interface graphique, le clavier, quoique très petit, s’avère à l’usage très confortable, son touchpad est précis et le rappel des boutons de souris par deux touches en bas à gauche du clavier est très pratique.
Tout a fonctionné immédiatement.

Installations logicielles
La version PI de QLC+ est distribuée sous deux formes :

  • une image de carte SD avec le logiciel préinstallé, sans gestionnaire de fenêtres avec démarrage automatique à la mise sous tension ;
  • un paquetage Raspbian .deb

Massimo indique que la version PI de QLC+ est faite pour simplement exécuter des shows programmés sur un ordinateur plus puissant et que la version paquetage qui s’exécute dans l’environnement X11 de Raspbian a des performances réduites. C’était certainement vrai avec les versions précédentes de PI, mais je n’ai pas constaté de de ralentissement sur le PI 3 B+ (et ce devrait être encore mieux avec le PI 4).
Après avoir essayé les deux distributions, j’ai finalement opté pour la version « paquetage » qui fonctionne de façon parfaitement fluide et permet, avec l’écran de 1280x800 et le clavier, de réaliser parfaitement la préparation des petits shows que j’ai à gérer.
Le logiciel QLC+ propose une interface WEB pour le pilotage de la console virtuelle et du pupitre traditionnel ; cette interface est accessible à travers la connexion internet, mais également à travers le Wifi. Comme en général on ne travaille pas dans des lieux où un réseau Wifi est accessible, il est intéressant de faire du RPI un hotspot Wifi. L’installation logicielle s’est donc faite en trois phases :

  • démarrage de Raspian et réglage des paramètres d’économie d’énergie pour éviter les mises en veille du système et de l’écran, il faut également valider les connexions ssh ;
  • installation du hotspot wifi ; pour ce faire, j’ai utilisé le très bon tutoriel disponible sur ce forum ; ça fonctionne d’emblée, merci :slight_smile:
  • l’installation de QLC+ consiste seulement à exécuter un ‹ dpkg install › ; J’ai ajouté un script de démarrage :
#/bin/bash

if [ « $# » -eq « 0 » ]
then
opt=«  »
else
opt=« -o /home/pi/Documents/qlc+/$1.qxw »
fi
qlcplus -w -f resize -m $opt &

Les options ont les rôles suivants :

  • -w pour activer l’interface web,
  • -f resize pour un démarrage en plein écran avec possibilité de redimentionnement
  • -m pour disposer d’un bouton de sortie
  • optionnellement, le paramètre -o permet de charger un show enregistré au moment du lancement.

Usages

  1. Stand alone : à part l’écran un peu plus petit et le clavier moins confortable je n’ai pas vu de différence marquante avec l’usage sur Mac (MacBook Pro 13"« ). Par contre, la liaison avec l’interface USB/DMX est d’une stabilité remarquable. Pour la préparation des shows, l’écran de 24 » du Mac et sa souris sont plus confortables que les petits écran et clavier mais tout est opérationnel tant qu’on reste dans le raisonnable au niveau de la complexité. Par contre, en mode exploitation durant les spectacles, l’accès direct aux boutons et curseurs de la console virtuelle sur l’écran tactile est un plus très appréciable.
  2. Avec l’interface web : il est possible de se connecter à cette interface depuis n’importe quel navigateur moderne (j’ai essayé Chrome, Brave, Netscape sur mac et tablette Android) à l’URL http://IP:9999 via la liaison filaire RJ45 ou via le Wifi. Ceci ne fonctionne que quand l’application QLC+ est en mode « Production » et on alors accès à la console virtuelle et au pupitre traditionnel. Ceci pourrait être pratique, mais il faut s’assurer que la liaison wifi du RPI supporte un certain éloignement et les conditions souvent difficiles de concert (beaucoup de matériel HF et de téléphones dans l’environnement) ; je ne l’envisage pas en exploitation live à court terme. par contre cette configuration peut être très pratique lors des réglages de focus, si on n’a pas un assistant pour allumer et éteindre les projecteurs.
  3. Convertisseur Artnet/DMX : le protocole Artnet permet le transport sur réseau internet des signaux DMX avec une fiabilité et des débits plus importants. Il est très aisé de transformer la mini-console en convertisseur ArtNet vers DMX, il suffit pour cela de paramétrer l’entrée d’un univers en Artnet sur la liaison filaire ou Wifi et sa sortie sur l’interface USB/DMX et de programmer cet univers en mode ‹ passthrough ›. Ce faisant, on peut faire fonctionner QLC+ (avec la sortie connectée sur le protocole Artnet) sur un ordinateur fixe connecté en filaire ou wifi à la mini-console et piloter les projecteurs depuis celui-ci. Cette configuration est très utile dans la préparation des shows ; il suffit ensuite de recopier le fichier de sauvegarde par ‹ scp › sur la console pour ensuite travailler en autonomie.

Conclusion
Avec un investissement minime il est donc possible de se faire avec RPI une console lumière de niveau professionnel.

Bonjour,

Bravo, belle réalisation.

A+

Bonjour,
Effectivement bravo et merci pour ta contribution.

Bonsoir @dgallo ,

Très beau projet pour les aficionados de sons et lumières comme moi :wink:
Merci pour le tuto.
Tu pourrais réaliser une petite vidéo ?

@++

Très intéressant!
Mon projet ressemble au tiens; merci pour l’inspiration!